Casanova n'a rien compris !
12 070 personnes s'étaient déplacés à Bollaert, mardi contre l'AC Ajaccio (2-1), à l'occasion du premier tour de Coupe de la Ligue. L'affluence était deux fois plus faible que quatre jours plus tôt contre Nîmes (1-2) mais la contestation des tribunes contre Alain Casanova a pourtant été bien plus importante. Le nom de l'entraîneur a comme d'habitude était sifflé lors de la composition des équipes, le chant "Casanova casse-toi" a été entendu à plusieurs reprises lors de la soirée et le public a scandé le nom de Sikora, entraîneur de l'équipe réserve que l'opinion publique aimerait voir succéder au technicien arrivé de Toulouse l'été dernier. "Je vais être honnête, personne ne le vit très bien, reconnaît Casanova. Mais j'ai les épaules larges. C'est comme ça. Je me concentre sur mon job. Ce qui compte, c'est que mes joueurs soient préservés et soient capables de mettre en place leur jeu quel que soit le contexte. Ça ne va pas me faire changer. Ne comptez pas sur moi pour me voir partir. Je suis quelqu'un qui reste debout. [...] Je fais le maximum. [...] Je continuerai à assumer mes responsabilités. Je suis droit devant vous."
Casanova estime que le mécontentement populaire s'explique par l'échec de la saison passée, qu'il avait lui-même considéré comme "un échec personnel" au soir de la tente-huitième journée. "On peut me reprocher de ne pas être monté en L1 pour un point, a-t-il répété mardi. J'ai assumé. Mais je ne suis pas un moins bon entraîneur avec un point de moins que je n'aurais été meilleur que ceux d'Amiens ou de Troyes avec un point de plus." L'entraîneur n'a pas compris les origines de la défiance dont il est l'objet. Une promotion en Ligue 1 n'aurait pas suffi pour qu'il soit perçu comme un bon entraîneur. Le mal est plus profond. Ne pas être monté en Ligue 1 a libéré une colère qui s'est développée tout au long de la saison passée et s'exprimait alors avec moins d'intensité. Le chant "Casanova casse-toi" a en effet été entendu pour la première fois à Bollaert il y a six mois, lors d'une triste prestation contre Troyes (0-0), et le nom de l'entraîneur est constamment sifflé depuis le printemps.
Le jeu que cherche à mettre en place le technicien depuis maintenant un an ne séduit pas. Les longues périodes de possession stériles accompagnées d'un festival de passes en retrait ont très vite lassé. Le public s'ennuie trop souvent à Bollaert. Quand tu vois jouer Lens, tu as juste envie de pleurer écrivions-nous dès septembre 2016 en paraphrasant Pierre Ménès au sujet du Téfécé version Casanova (voir article). Les victoires, rares à domicile (dix en vingt matches de Championnat depuis la saison passée) n'enflamment pas Bollaert et il est frustrant de quitter l'enceinte sans avoir vécu les émotions qui peuvent l'être.
Le manque de charisme de l'ancien gardien de but étonne. Avoir succédé à Antoine Kombouaré ne l'aide pas. Le Kanak était sans conteste un meneur d'hommes. Le natif de Clermont-Ferrand apparaît moins énergique, plus mou et ses discours amènent moins de détermination. La gestion qu'il a fait de son groupe la saison passée interpelle : joueurs écartés, manque de concurrence.
Ses conférences de presse n'ont la plupart du temps aucun intérêt. Les banalités s'y succèdent. Sa communication peut se révéler maladroite comme lorsqu'il explique en février, à l'issue d'un nul contre Troyes succédant à deux défaites en L2 et une autre à Bergerac en Coupe de France, "la montée ne se joue pas en février, mais fin mai" avant de considérer trois mois plus tard que la réception de Strasbourg pour le compte de la 36ème journée constitue un match "important et non décisif." Il protège trop son groupe, affirmant voir de bonnes choses quand son équipe n'a rien montré. Il multiplie les mauvaises excuses pour expliquer les mauvais résultats (voir notre article Le Top 10 des mauvaises excuses de Casanova). À son arrivée, à l'occasion du premier match de préparation de l'été 2016, il a affirmé mettre en place un 3-5-2 car son effectif comportait "des pistons capables d'avoir de grandes capacités en contre-attaques, tels que Lala ou Scaramozzino, voire les deux jeunes Ebosse et Zedadka. On a là des profils susceptibles de jouer dans ce système de jeu, de bien utiliser les couloirs." Il s'est trompé, a persisté dans l'erreur plusieurs semaines et a d'entrée perdu en crédibilité.
Alain Casanova fait son travail avec beaucoup de sérieux mais les reproches qui lui sont nombreux. Il faudrait donc plus qu'une succession de victoires pour lui permettre de devenir un entraîneur populaire à Lens. Et le tacle qu'il a adressé aux contestataires ("La L1, nous aussi on la veut. Mais il ne suffit pas de le dire. Il y a des adversaires et un rapport de force. Le foot ne se joue pas sur la Playstation") n'améliorera pas sa cote chez les supporters...
Lance