Avec Sikora, l'histoire se répéterait-elle ?

Publié le par Lance

Nommé à la tête de l'équipe première lensoise le 20 août en remplacement d'Alain Casanova, Éric Sikora vit sa deuxième expérience sur le banc du RCL. Lors de son premier passage, de septembre 2012 à mai 2013, le Champion de France 1998 avait assuré le maintien de son club en Ligue 2 et lui avait fait réaliser un beau parcours en Coupe de France. Si l'heure n'est pas encore au bilan, la saison en cours ressemble fortement à celle d'il y a cinq ans.

En entrant dans le vestiaire lensois, il y a un peu plus de six mois, Siko a trouvé une équipe traumatisée par son échec du 19 mai 2017, marquée par un début de saison catastrophique (dix-neuvième bilan avec quatre défaites en autant de journées, cinq buts marqués et dix encaissés) et perturbée par une préparation défaillante. L'entraîneur - qui a pu profiter de la fin du marché des transferts pour ajuster son effectif à ses aspirations (arrivées de Bayala, Diarra, Duplus, Maazou et Markovic) - est indéniablement parvenu à faire progresser le RCL dès le mois de septembre. Vainqueur de son premier match de Championnat contre Quevilly (1-0), Lens a alors réalisé un parcours de promu, affichant le troisième bilan de la division entre la huitième journée et son succès sur la pelouse de Nîmes (0-1), lors du vingtième acte de l'exercice (sept victoires, trois nuls, trois défaites, soit une moyenne de 1,85 point par match). Le Racing marquait plus (cinquième attaque avec vingt-et-un buts sur la période étudiée), encaissait moins (meilleure défense avec sept buts concédés sur la période étudiée) et se montrait redoutable à Bollaert (cinq victoires contre Quevilly, Gazélec Ajaccio, Niort, AC Ajaccio, Tours pour une seule défaite contre le leader Rémois).

Le parcours des Sang et Or incitait au rêve d'une cinquième place synonyme de play-off. "Moi, j'y crois, affirmait Jean-Ricner Bellegarde avant le début de la phase retour. On peut y arriver. On va tout faire pour, en tout cas." Toujours attentif à l'actualité lensoise, Daniel Leclercq se disait avant la réception d'Orléans (23ème journée) confiant sur les capacités de son ancien joueur à réussir à la tête de l'équipe lensoise : "Lens est en progression depuis qu'il est là. Quand il est arrivé, j'ai dit que je croyais en une remontée en fin de saison. Je le crois d'autant plus." Éric Sikora s'est, lui, toujours voulu beaucoup plus prudent. "Nous avons un mois de janvier compliqué avec cinq matches de Championnat, observait l'ancien défenseur latéral droit en début d'année. [...] Nous ferons plutôt un bilan ensuite. Quoiqu’il arrive, si nous prenons des points, nous ferons mieux que lors du début de saison. Tout ce que nous prendrons sera du bénéfice. Quand on regarde le classement, le dixième est à neuf points de nous. Si nous démarrons comme il faut, nous pourrons éventuellement accrocher ces équipes mais attention, Bourg-en-Bresse, le dix-huitième n’est qu’à quatre longueurs. Il ne faut pas commencer à s’enflammer."

Depuis le succès des Costières, le Racing a renoué avec les mauvais résultats. Les Sang et Or n'ont pris que six points lors des sept dernières journées (une victoire, trois nuls et trois défaites concédées en quatre rencontres jouées à Bollaert). Avec 0,86 point par match, ils possèdent le quinzième bilan de la période. Plus personne ne rêve. En refusant de se montrer ambitieux et en répétant que le seul objectif qui lui a été fixé est le maintien, Sikora a-t-il été réaliste ? Ou a-t-il, au contraire, freiné ses joueurs dans leur parcours ? En ne voyant pas plus loin que le maintien, il s'est au moins accordé la possibilité d'atteindre un objectif abordable et de réussir sa saison.

Il en était de même il y a cinq ans. Arrivé à la tête d'une équipe qui avait pris huit points lors des huit premières journées et occupait la quinzième place du classement, Sikora avait connu des débuts très difficiles à Nantes (défaite 4-0). Avec vingt points gagnés entre la dixième et la dix-neuvième journée (cinq victoires, cinq nuls, aucune défaite), le RCL - qui affichait le troisième bilan et était remonté de la dix-septième à la huitième place - ne comptait à la trêve que cinq longueurs de retard sur le troisième. Le manque d'ambition de l'entraîneur et le manque de volonté de l'actionnaire avaient été à l'origine d'une phase retour catastrophique (dix-huitième bilan avec trois victoires, huit nuls et huit défaites). Les Sang et Or - qui avaient gagné leur dernier match de la saison le 16 mars contre Auxerre (29ème journée) et avaient enregistré lors du pont de l'Ascension la plus lourde défaite de leur histoire (7-0 à Guingamp) - avaient terminé le Championnat à la douzième place avec un total de 45 points (pire nombre de points du RCL en Ligue 2 depuis la descente de 2008). Sikora avait au final à peine fait mieux (trente-sept points en trente matches, soit une moyenne de 1,23 point par match) que Jean-Louis Garcia (1 point par match lors des huit premières journées).

Siko avait su redresser la barre mais s'était montré incapable de maintenir le cap. L'histoire semble se répéter et le parcours lensois semble à nouveau dessiner les limites du technicien. Comme en 2012-13, un rayon de soleil illumine toutefois la saison lensoise. Plus de mille supporters lensois seront ce soir à la Beaujoire pour pousser les joueurs artésiens vers les demi-finales de la Coupe de France. Il y a cinq ans, au même niveau de la compétition, un Stade Bollaert à guichets fermés avait accueilli Bordeaux dans une ambiance de folie. Après un parcours lors duquel ils avaient déjà été gâtés par le sort (Les Lilas, Armentières, Rennes à domicile, Stade Bordelais, Épinal ; Nœux-les-Mines, Reims à domicile, Boulogne, Saint-Brieuc, Troyes à domicile), les Lensois étaient tombés avec les honneurs. Et la légende Sikora avait été un peu plus renforcée.

Lance