Et si la solution venait du rugby ?

Publié le par Lance

Les différents championnats ont été stoppés il y a maintenant trois semaines. Le Racing n'a plus disputé de match depuis le 9 mars, date d'une courte victoire contre Orléans (1-0), à huis clos. Bollaert n'a plus accueilli de spectateurs depuis le 22 février, jour d'une lourde défaite contre Caen (4-1) qui s'était avérée fatale à Philippe Montanier.

Réussir à terminer la saison avant le 30 juin est une possibilité de moins en moins envisageable. Le déconfinement "n'est pas pour demain matin" a annoncé Édouard Philippe. Lorsqu'il sera décidé, il pourrait s'effectuer de manière progressive et régionalisée. Ce qui n'est pas sans poser de problème pour des compétitions de football auxquelles participent des clubs disséminés dans tout le pays. "L'un des aspects importants, c'est que tous les clubs reprennent l'entraînement en même temps, qu'il n'y ait pas de disparités, qu'aucun ne profite d'un avantage sur d'autres", mettait hier en garde Carlo Ancelotti, entraîneur d'Everton, dans les colonnes de L'Équipe. Conclure la saison en jouant tous les trois jours avantagerait les clubs disposant d'un effectif quantitativement fourni. Repousser son issue en juillet, août voire même au-delà poserait des problèmes pour les joueurs étant en fin de contrat au 30 juin et compliquerait la programmation de la saison 2020-21 dont la dernière journée doit avoir lieu fin mai, l'Euro 2020 débutant le 11 juin 2021.

Dans ce contexte, de plus en plus de voix réclament l'arrêt définitif de la saison 2019-20. La Belgique et les Pays-Bas pourraient l'acter dans les prochains jours. La quasi-totalité des clubs de National estime que la probable prolongation du confinement au-delà du 15 avril empêchera la fin de la saison au 30 juin. Ils ont mis en place des groupes de travail réfléchissant aux conséquences financières et sportives d'une fin de saison anticipée. Si le bureau de la LFP a voté "une reprise de la compétition dès que possible" - suivant par là l'avis de l'UEFA qui menace d'exclure de ses compétitions les clubs issus de pays décidant "d'abandonner les compétitions nationales" - Denis Le Saint n'envisage pas de reprendre le Championnat. "Les Français n'ont pas la moindre envie de rentrer dans un stade et les matches à huis clos ne font rêver personne, justifie le président du Stade Brestois. Il n'y a aucun intérêt à des rencontres jouées dans ces conditions-là. Le football est quelque chose que l'on partage avec les autres. [...] On ne peut pas parler d'argent dans le football quand les gens perdent leur vie, c'est indécent. On ne peut pas vouloir continuer coûte que coûte. Si certaines personnes veulent reprendre, c'est une grave erreur. Il ne faut pas gâcher l'image du football. On le payerait très cher. La saison est terminée. Il faut penser à la saison prochaine. Et arrêter définitivement celle-là. C'est la meilleure chose que nous avons à faire."

Plusieurs solutions ont été avancées en cas d'arrêt définitif de l'exercice 2019-20 : annulation de la saison actuelle et début de la saison prochaine dans les mêmes conditions que lors de l'été 2019 (les vingt mêmes équipes avec des compteurs remis à zéro) ; classement actuel considéré comme le classement définitif de la fin de saison pour prononcer les différentes sanctions (montées, descentes) ; classement actuel considéré comme le classement définitif pour mettre en place un championnat de Ligue 1 à vingt-deux (aucune descente en Ligue 2 ; montée en Ligue 1 des deux équipes actuellement positionnées aux deux premières places).

Quelle que serait la solution choisie, il y aurait toujours des équipes lésées. Si la promotion des deux premières équipes de Ligue 2 permettrait au RCL de retrouver la Ligue 1, elle aurait semblé injuste aux supporters lensois deux matches plus tôt. Ajaccio, troisième avec un point de moins que Lens, se trouverait devant le fait accompli d'un maintien en Ligue 2 sans même avoir une dernière possibilité de défendre ses chances, alors que son calendrier n'a pas été le même que celui de ses concurrents directs. Ni une montée des Sang et Or à huis clos ou sur décision administrative (c'est arrivé en 1991), ni la possibilité du retour tant attendu de la Ligue 1 à Bollaert devant des tribunes fermées ne font rêver (la fédération allemande envisage la réouverture des tribunes des enceintes sportives en janvier 2021).

La moins bonne des solutions est donc peut-être à chercher en rugby. François Rivière préside Perpignan, club actuellement deuxième de Pro D2 qui pourrait être lésé en cas d'arrêt de la compétition. Il propose une solution qui permet de ne pas effacer les résultats de la saison 2019-20 tout en permettant à l'ensemble des clubs en course pour un objectif de pouvoir lutter pour l'atteindre d'ici un an, devant des tribunes pleines. "Si la crise sanitaire ne nous permet pas de rejouer, on ne peut pas dire : ''Ben terminado, on se revoit en septembre pour tout recommencer à zéro'', peste le dirigeant du club des Pyrénées Orientales. Là, pour le coup, ça serait absolument injuste et inéquitable pour des clubs qui ont une volonté affichée de remonter en Top 14, et qui financent cette volonté, ce qui est le cas de l'USAP depuis trois ans. Ça serait inexplicable pour nos supporters et nos partenaires, et un peu décourageant aussi pour les dirigeants. On gommerait comme ça les efforts d'une année ? Si ça devait arrêter, que chaque club reparte en début de saison prochaine avec le nombre de points acquis cette année. Ça permettrait à chacun d'être raccord avec le parcours qu'il a fait cette saison. À un moment donné, il faut être juste. Il y a des clubs qui ont pris des risques sur un plan financier et dont on voit aujourd'hui les conséquences sur le plan sportif. Ça serait totalement inéquitable que ça ne soit pas valorisé."

Lance